Dordogne
Un voyage en Dordogne, à la découverte des châteaux, églises et villages du Périgord Noir.
- Parenté :
- Europe
- France
- Nouvelle-Aquitaine
- Dordogne
La Dordogne est composée de quatre régions : le Périgord Vert, le Périgord Blanc, le Périgord Pourpre et le Périgord Noir. C'est dans cette dernière que se situent la plupart des monuments présentés.
Cette région est très agricole. On y pratique l'élevage de moutons et la culture du blé, du maïs, du colza et du tabac.
Le patrimoine prend une place primordiale : les grottes, châteaux, églises, abbayes et villages fortifiés sont extrêmement nombreux et toutes les époques sont présentes, de la Préhistoire à nos jours, en passant par l'Antiquité, le Moyen-Âge et la Renaissance.
Ce riche patrimoine est présenté en trois parties :
- Grottes : [Lascaux II] - [Grand Roc]
- Châteaux : [Castelnaud] - [Beynac] - [Biron] - [Autres]
- Villages : [Monpazier] - [Campagne] - [Domme] - [Limeuil] - [Sarlat] - [Allas-les-mines] - [Cadouin] - [Les Eyzies]
Grottes
Grotte de Lascaux II [carte]
On trouve en Dordogne trois grottes ornées. Lascaux, découverte accidentellement en 1940, est la plus petite (250 m de long). Elle était fermée hermétiquement donc bien conservée depuis 17000 ans (± 2500 ans, plusieurs générations l'ont donc utilisée). Les nombreux visiteurs (1600 par jour en 1948 !) ont entraîné deux phénomènes :
- La « maladie verte », causée par des bactéries a pu être éradiquée.
- La « maladie blanche », dépôt de cristaux de calcite, formait un voile blanc sur les peintures était beaucoup plus problématique car ce dépôt ne pouvait être enlevé sans dégrader les peintures.
La grotte fut donc fermée en 1963.
Le fac-similé visitable depuis 1983 en est une reproduction quasi-conforme : de nombreuses mesures furent réalisées, ce qui a permis de créer une armature de fer qui fut recouverte d'un grillage fin où l'on a pulvérisé du béton. La surface de cette coque fut ensuite réalisée centimètre carré par centimètre carré, les peintures à l'identique grâce à l'emploi des mêmes pigments (ocres minéraux naturels) et techniques :
- Par crayonnage : les ocres sont employés comme des crayons
- Avec des pinceaux : les ocres sont broyés avec de l'eau.
- Par tamponnage : les ocres broyés sont appliqués avec de la mousse ou de la fourrure.
- Par crachis : les ocres broyés sont pulvérisés avec la bouche ou une sarbacane. La main est utilisée comme pochoir.
Les hommes préhistoriques utilisaient des lampes en argile remplies avec de la graisse animale et du genèvrier, ce qui permettait une combustion lente et une absence de fumée. Ils peignaient deux types de motifs :
- des êtres vivants (hommes ou animaux)
- des symboles composés de traits et points dont on ignore la véritable signification.
Pour peindre au plafond, les hommes préhistoriques utilisaient des échafaudages de troncs d'arbres. Les scientifiques se sont demandé à quoi servaient ces ornements. Plusieurs réponses sont plausibles :
- « L'art pour l'art » est la moins probable car ces grottes ne servaient pas d'habitation.
- La théorie de la « magie de la chasse » pourrait s'appliquer car tous les animaux représentés sont « chassables » mais comment expliquer l'absence au renne, principal cible des chasseurs préhistoriques ?
- La dernière hypothèse est celle du chamanisme. La grotte serait alors un sanctuaire.
La salle des tauraux contient plusieurs peintures :
- Celle des aurochs est la plus grande trouvée à ce jour. L'auroch mesure 5,50 m, de l'extrêmité de la corne à celle de la queue. Il est représenté de profil mais la corne est de 3/4, sorte de perspective. Il ne possède qu'une oreille, placée sur le nuque !
- « L'animal fantastique » est une licorne à deux cornes, avec une tête de félin et des pattes arrières humaines.
- 60 % des animaux représentés sont des chevaux, avec de petites têtes, de longues queues et un gros ventre. Une frise en montre une série dont les pattes avant sont à chaque fois plus surélevées, comme la décomposition du mouvement du galop, sorte de cinéma avant l'heure.
- Un cerf à bois irréalistes pour lequel le relief de la paroi fut utilisée.
- L'une est appelée « cheval chinois » car il ressemble à une gravure chinoise.
- Un autre montre une vache sautant par dessus une frise de cinq chevaux.
- Deux bouquetins s'affrontent, séparés par un quadrillage géométrique.
- La forme noire d'un taureau abrite une vache rouge. L'animal a plusieurs dos. Cela figure-t-il le mouvement ou un troupeau ?
- Un autre cheval arbore une crinière réalisée par soufflage. Il utilise le relief : ses ventre et pattes semblent posée sur la paroi. Plus loin, ce même cheval se retrouve renversé, enroulé sur la paroi : lorsque l'on regarde les pattes, on ne peut pas voir la tête. Ses proportions sont pourtant respectées !
Les superpositions sont fréquentes. Elles donnent du relief et du mouvement à l'ensemble et sont toujours composées d'une dessin rouge sur une forme noire. Dans d'autres salles se trouvent les représentations d'un oiseau et d'un rhinocéros laineux.
Dans la grotte, une centaine de lampes et des pointes de sagaies furent retrouvées. Cependant, l'ouverture trop rapide de la grotte au public fit perdre des indices précieux sur la vie humaine de l'époque...
Grotte du Grand Roc [carte]
Cette grotte naturelle, jamais habitée, fut découverte en 1924, à mi-hauteur d'une falaise. Elle est remarquable par ses formations calcaires :
- Des stalactites, qui descendent
- Des stalagmites, qui montent et grandissent de un à deux centimètres en 25 ans
- Des « excentriques » qui montent et descendent en une multitude de pointes, comme des oursins, dans toutes les directions. Cela est sans doute dû à des courants d'air ou à la capillarité. Ils grandissent de quelques millimètres en 25 ans.
Ces formations sont la conséquence de l'accumulation de gouttes d'eau de pluie, chargée de carbonate de calcium. Celui-ci reste en place losque l'eau s'évapore. La grotte était encombrée d'argile, disparu. La coloration jaune-orangée des formations calcaires est soit organique (pollens) soit minéral (oxydes de fer). Leurs formes font penser à des sculptures, des coraux, des orgues, des vaguelettes ou encore des draperies. À certains endroits, des surfaces sont pavées de petits triangles : le calcite s'organise de cette manière en eau calme. À certains endroits, le sol en pente empèche la formation de stalagmites. L'eau de pluie peut mettre plusieurs mois à traverser la grotte, dont le taux d'hygrométrie varie entre 98 et 100 % ! Une autre formation remarquable est un bloc suspendu dont la masse est estimée à trois ou quatre tonnes !
Châteaux
Château de Castelnaud [carte]
Ce château fut pris sept fois pendant la Guerre de cent ans. Ce fut d'abord un fief cathare puis du Roi de France. Il est devenu anglais en 1259, fut vendu à la Révolution et restauré par la suite.
C'est la plus puissante forteresse du Périgord, défendue par des barbacanes et une tour d'artillerie.
Il abrite une exposition d'armes diverses : canons, arquebuse allemande, bombarde du XIVe siècle, orgue, armures, cottes de mailles, arbalètes ainsi que des maquettes de trébuchets et mangonneaux. On peut se promener sur des hourds. Le panorama sur la Dordogne est superbe.
La position de ce château, en hauteur, au-dessus de la Dordogne, permettait de surveiller le château ennemi de Beynac.
Une fresque, dite des Neux preux y a été réalisée en utilisant les techniques du XVe siècle.
Château de Beynac [carte]
Une petite tour hors du château constitue un hôptial religieux. La cour intérieure est protégée par un mur d'enceinte datant du XIIIe siècle. Elle contient une rampe que le seigneur utilisait à cheval pour se rendre dans la cour haute et aux écuries. Les serviteurs logeaient dans la cour basse. Cette rampe date du XVIIe siècle, époque où furent construites les grandes écuries. Le premier bâtiment est une chapelle seigneuriale du XIIIe siècle. Celle-ci est devenue une église au XVIe siècle, lors de la destruction de l'église du village. On y célèbre depuis messes et mariages.
La cour haute s'élève à 110 m au-dessus de la Dordogne. L'une des tours porte une fenêtre à menaux. Il s'agit d'un donjon du XIIe siècle. On y a accolé une seconde tour à la fin du XIIe siècle et une troisième à la fin du XIIIe siècle.
Le rez-de-chaussée ne comporte ni portes ni fenêtres pour plus de sécurité en cas d'attaque. L'entrée se trouvait donc à l'étage. On y accédait grâce à une échelle.
Le seigneur descend de cheval dans la salle des gardes, qui communique avec les premières écuries. Cette salle ne possède pas de cheminée, pour éviter de fragiliser le mur. Les gardes disposaient donc d'un brasero. Un petit escalier du XIIe siècle mène aux trois étages supérieurs du donjon. Les marches de cet escalier sont très inégales. Cela permettait de fatiguer les assaillants gênés par leur lourd équipement.
Au-dessus, dans le bastion méridional à trois niveaux se trouve une salle de la fin du XIIIe siècle. Celle-ci est plus ouverte car protégée par la falaise haute de 120 m qu'elle surplombe. Elle contient donc des fenêtres et une cheminée. C'était une cuisine tandis que les deux niveaux supérieurs étaient réservés à l'habitation. La cuisine communique avec une salle de bains et des lattrines munies d'une trappe pour s'échapper par un escalier creusé et un souterrain vers une porte dérobée. Toutes les pièces ont été refaites, celle-ci avec un sol « pisé », technique supposée utilisée à l'époque.
L'étage supérieur est presque identique mais plus meublé : on y trouve une table, deux coffres du XVe siècle rachetés et un baril. Les tapisseries copiées sont importantes car elles racontent des évènements et réchauffent la pièce. La décoration n'est pour elles qu'une fonction secondaire. On voit également un escalier en chêne massif.
Une petite chapelle du XIIe siècle est suivie par une grande salle avec un plancher de 160 m². Cette salle a d'abord servi de réserve de nourriture. Mais au XIVe siècle, on supprime le plancher du troisième niveau, ce qui en fait une immense pièce. Elle est, depuis le XVe siècle, appelée « Salle des États ».
En effet, le Périgord était divisé en quatre. Chaque Etat était dirigé par une ville et possédait son écusson :
Nord | Sud | ||
---|---|---|---|
Bourdeil | Mareuil | Beynac | Biron |
La salle était donc une salle de réunion pour réorganiser le Périgord. La fresque du XVe siècle est d'origine.
La pièce suivante présente un carrelage du XVIIe siècle. Elle mène a un escalier muni d'un superbe plafond. Le plafond du bastion s'élève à 150 m au-dessus de la Dordogne. En montant au sommet de la tour, on peut voir la toiture de lauzes de la salle des Etats. Cette toiture n'a subi aucune restauration depuis le XVIIe siècle.
On trouve ensuite un petit salon réaménagé puis une petite cour pour récolter l'eau : les toits penchés et les gargouilles y déversent l'eau de pluie. Celle-ci traverse le sol pour être stockée dans trois énormes citernes situées en dessous. La technique est au point : les citernes sont plongées dans un noir complet interdisant le développement d'algues et micro-organismes. L'eau reste donc pure et potable après avoir été filtrée par le sol. L'un des côtés de la cour est occupé par un escalier à claire-voie florentine du XVIIe siècle.
Les cuisines des XIIe siècle et XIIIe siècle, bâties directement sur la roche, ont nécessité 10 ans de restauration : sont représentés tables, bancs, tonneaux, billots, crochets à viande, cages... Les épées sont symboliquement plantées dans la table, en signe de paix. Cette salle donne sur un pont-levis et une barbacane avec une porte de fer. Dans cette barbacane, les ennemis étaient bloqués par les pierres, le bois enflammé et la poix que les occupants déversaient depuis le hourd. En période de paix, cet espace servait au stockage.
Ce château fut celui des ennemis de Castelnaud, durant les conflits entre Français et Anglais, Catholiques et Protestants. Mais ces châteaux étaient trop éloignés et leurs occupants ont dû construire des postes avancés :
Château | Poste avancé | Occupants |
---|---|---|
Beynac | Marquessac | Cathares, Français puis Anglais |
Castelnaud | Feyrac | Anglais, Cathares puis Protestants |
La Dordogne fut longtemps la frontière entre France et Angleterre. Au XIIe siècle, Aliénor d'Aquitaine épouse Henri II, roi d'Angleterre. Leur fils, Richard-Cœur-de-Lion s'empara du château à la mort d'un des successeurs. Le château devient anglais jusqu'en 1453, date de la fin de la Guerre de cent ans. Le château devient ensuite cathare puis protestant pendant deux siècles. Il fut délaissé jusqu'en 1961 par la famille Beaumon-Beynac dont l'écusson est le suivant :
Le château est en cours de restauration. Les travaux ont débuté en 1960 et sont planifiés jusqu'en 2060 ! Depuis 1961, 18 films ont été tournés dans le château, entre autres Les Visiteurs II et Jeane d'Arc.
Château de Biron [carte]
La famille Gontaud-Biron a possédé ce château du XIIe siècle au XXe siècle. L'histoire du château fut marquée par les affrontements entre Catholiques et Cathares au XIIe siècle et la Guerre de cent ans.
Les différents éléments visibles de ce château sont :
- La chapelle du XVIe siècle contient deux tombeaux ouvragés. Ceux-ci furent martelés à la Révolution.
- La cour intérieure ou « cour basse »
- Le donjon ou « tour anglaise » inachevée depuis le XVIe siècle. La construction de cette tour hexagonale a commencé au XVe siècle. Elle possède meurtrières, cannonières, escalier à vis, boiseries en noyer et cheminées en marbre.
- La conciergerie et sa fenêtre à meneau.
- La « recette » ou « grange aux dîmes ».
- Les petites écuries.
- La cour d'honneur
- Le « tribunal » du XVIe siècle.
- La petite cuisine avec un four à pain du XIXe siècle.
- Le logis seigneurial du XIVe siècle.
- Le bâtiment des maréchaux possède une magnifique charpente en forme de coque de bateau de 40 mètres de long !
- Des accessoires de cinéma ont permis de reconstituer une taverne, une rue du Moyen-âge, des cachots, « l'antichambre de l'alchimiste », des appartements intérieurs, un atelier de poterie et la salle des gardes.
- La grande cuisine possède des fourneaux et une voûte de 22 mètres de long et 9 mètres de large !
Le film Le Capitan avec Bourvil et Jean Marais y fut en partie tourné.
Le village en contrebas abrite une chapelle restaurée par de jeunes volontaires dans les années 1970.
D'autres châteaux
Château de l'Herm [carte]
Mentionné pour la première fois en 1309, ce château fut, après 11 crimes liés à son héritage au XVIIe siècle, vendu à Marie de Hautefort en 1679 et abandonné au XVIIIe siècle. C'est ce château qui a servi au tournage de Jacquou le Croquant, feuilleton de 1969 inspiré du roman d'Eugène Le Roy de 1899.
Château de Losse [carte]
Ce château de la Renaissance domine la Vézère. Une terasse est d'ailleurs construite sur une arche au-dessus de l'eau.
Château de Belcayre [carte]
Il n'est pas très éloigné du château de Losse.
Château de Fages [carte]
C'est un château privé, en restauration depuis les années 1970. Son donjon date du XIIe siècle.
Château de la Roque [carte]
C'est un château privé des XVe siècle et XVIe siècle.
Château des Milandes [carte]
La danseuse Joséphine Baker a acheté et restauré ce château du XVe siècle de 1937 à 1964. Elle y a hébergé ses douze enfants adoptés.
Château de Commarque [carte]
La construction de son immense donjon date de 1380.
Château de Laussel [carte]
Il se trouve face au château de Commarque et n'est pas visitable.
Villages
Monpazier [carte]
Monpazier est une bastide qui abrite une place centrale rectangulaire avec des maisons aux façades de pierres construites sur des arceaux formant des galeries couvertes. Il subsiste une ancienne halle en bois.
Campagne [carte]
Ce village contient un château, à proximité d'une église fortifiée. Sur son territoire se trouvent également des carrières.
Domme [carte]
Cette ville a conservé d'anciennes fortifications. La partie la plus remarquable est la porte des tours.
Limeuil [carte]
Ce village offre une jolie promenade. Il est situé à la confluence de la Dordogne et de la Vézère sur lesquelles est construit un double pont. On peut y voir des cygnes et de jolies maisons en pierre apparente. Son église date du XIIIe siècle.
Sarlat-la-Canéda [carte]
La vieille ville de Sarlat est composée de maisons anciennes, telles celle d'Étienne de la Boetie, disposées autour de la cathédrale. Les autres bâtiments remarquables sont la lanterne des morts, le présidial (où l'on rendait la justice), la place du marché aux oies et l'église Sainte-Marie. Cette église comportait un portail gothique et une rosace, disparus. Restent accrochées aux hauts murs des gargouilles décoratives. De nombreuses maisons sont des hôtels particuliers, avec leurs tours.
Cathédrale Saint-Sacerdos
Cette cathédrale de style gothique fut construite entre 1317 et 1790. Le clocher date du XIIe siècle et est surmonté d'un bulbe du XVIIIe siècle.
Elle contient un immense orgue et de beaux vitraux.
La gare
Elle est desservie par le TER.
Allas-les-Mines [carte]
Allas-les-Mines est un joli village. Son église à la façade inhabituelle est entourée par des maisons et des fermes dans le style du pays.
Cadouin [carte]
Cadouin est célèbre pour son abbaye. De style roman, elle abrite des moines depuis l'an 1115, date de sa fondation Saint Géraud de Salles. Son magnifique cloître, construit entre 1456 et 1550, est de style gothique.
Les Eyzies [carte]
Aux alentours des Eyzies se trouvent les châteaux de Laussel et de Commarque. Ce village abrite un musée de la spéléologie qui regroupe les découvertes de plusieurs gisements préhistoriques locaux datant du magdalénien ainsi que la grotte du Grand Roc.
Cette page en français a été créée par Peter à partir de notes de voyage, 2 juin 2004 et modifiée pour la dernière fois 25 août 2020. Son avancement est noté 3/3.